INDICATEURS SOCIAUX

INDICATEURS SOCIAUX

INDICATEURS SOCIAUX

Dans l’immédiat après-guerre, les responsables de la politique économique ou de la planification se sont particulièrement intéressés aux problèmes de la croissance. Leur instrument de mesure privilégié était la comptabilité nationale, qui s’est développée, par exemple en France, dans les années 1950-1965 sous l’impulsion de Claude Gruson au Service des études économiques et financières, puis à l’I.N.S.E.E. Certes, les statistiques sociales connaissaient au cours de cette même période un grand développement, mais les responsables politiques n’y prêtaient qu’une attention modérée et reprochaient, en France notamment, aux statisticiens de travailler dans une tour d’ivoire.

Répondant à un certain nombre de besoins, l’intérêt pour les statistiques sociales apparaît simultanément dans plusieurs pays. En effet, une politique limitée au seul développement économique n’arrive pas à éliminer les îlots de pauvreté, à modifier la répartition des ressources, à développer les activités culturelles. De plus, les tentatives de rationalisation des choix politiques faites depuis quelques années (système P.P.B.S. aux États-Unis, rationalisation des choix budgétaires en France) nécessitent des moyens adéquats pour mesurer l’efficacité de ces politiques. Enfin, on doit reconnaître que la comptabilité économique a des limites: elle ne permet pas d’intégrer des éléments relatifs aux disparités entre des situations individuelles, ni des renseignements qualitatifs.

Mais le développement des travaux statistiques et la révolution de l’informatique ont conduit à une avalanche de données chiffrées; aussi, le responsable politique cherche-t-il à opérer dans ce dédale de résultats une sélection raisonnée, en fonction de ses préoccupations et de ses objectifs. C’est cette sélection d’indices, résultant d’une collaboration interdisciplinaire mais selon une finalité politique, qu’on appelle les indicateurs sociaux.

Les indicateurs sociaux couvrent des domaines très variés: certains correspondent à des objectifs uniformément admis (espérance de vie, santé, logement, etc.), d’autres à des objectifs plus discutés (travail féminin, régulation des naissances, développement urbain, etc.). Sur certains objectifs, on peut agir directement par des mesures de politique économique (par exemple, modification des ressources des familles ou des personnes âgées par une politique de transferts sociaux); dans d’autres cas, l’objectif à atteindre résulte essentiellement d’une modification de comportements individuels, éventuellement favorisée par une action politique (par exemple, développement de la lecture).

Lorsque les choix politiques ne sont pas contestés, on peut essayer de distinguer, à l’exemple de Jacques Delors, indicateurs de résultats et indicateurs de moyens. Les premiers sont censés préciser une situation à différentes dates ou périodes (espérance de vie, surpeuplement des logements, etc.); les seconds quels sont les moyens employés pour améliorer une situation ou atteindre certains objectifs (nombre de médecins pour 1 000 habitants dans le cas de la santé, nombre de logements autorisés dans le cas de l’habitat, etc.). La démarche habituellement suivie pour définir des indicateurs sociaux consiste à retenir un domaine déterminé (population marginale, emploi, logement, etc.) et à rechercher les indicateurs physiques permettant de caractériser la situation des individus ou de la collectivité; on admet implicitement qu’une situation physique donnée procure à un individu une satisfaction indépendante du contexte social (ainsi l’avantage ressenti par la possession d’une automobile serait ressenti de la même façon en 1960 ou en 1994, hypothèse qui est fort discutable).

Les indicateurs sociaux doivent être d’interprétation simple et correspondre au phénomène étudié: ainsi, le taux d’épargne des ménages est un indicateur de prévoyance sociale des particuliers, mais peut révéler aussi un désir de spéculation à court terme. Ils doivent être aussi précis que possible et surtout continus dans le temps: non seulement il faut craindre les effets des changements de définition des statisticiens (par exemple, nombre de pièces au cours des recensements successifs), mais aussi ceux de l’action administrative (par exemple, chômage secouru depuis l’implantation de l’Agence nationale pour l’emploi) ou même ceux des agents économiques observés. Ainsi les mesures économiques en faveur des agriculteurs âgés ont conduit à réduire le nombre de personnes se déclarant agriculteurs exploitants, à activité égale.

Pour certaines questions politiques, les données statistiques manquent souvent, selon les époques, soit que l’observation économique et même la définition de concepts simples se heurtent à de fortes résistances et difficultés (connaissance des revenus non salariaux, mesure statistique précise de l’importance et des conditions de vie de la population immigrée, etc.), soit que les statisticiens, à l’exemple de la population entière, aient pris conscience assez tardivement de certains problèmes (pollution, participation, etc.). En revanche, dans d’autres domaines, des indicateurs sociaux peuvent être facilement trouvés, avec parfois même des séries temporelles très longues (démographie par exemple).

● Indicateurs sociaux ensemble des données rendant compte d'une situation sociale, d'un progrès social.

Encyclopédie Universelle. 2012.